Ma première halte en solitaire a donc été Ispahan que j'ai retrouvée avec plaisir. Cela m'a permis de visiter certains lieux que je n'avais pas eu le temps de voir la première fois (Ispahan).
J'ai décidé de poursuivre ma route par Saveh, Zanjan et Tabriz. Mon objectif final sera Urmia, ville où je rejoindrai Hossein qui m'accompagnera à Esendere, lieu de passage de la frontière Turco-iranienne très proche d'urmia.
Je compte arriver à Urmia le 23 et passer la frontière le 24. Eh oui, ce sera bientôt la fin des 30 jours de séjour autorisés par mon visa.
La route entre Ispahan et Saveh, ville de ma seconde étape, traverse un haut plateau semi-désertique. L'axe principal que je vais emprunter est la route qui mène à Téhéran. Autant dire qu'il est très fréquenté et notamment par les camions...
Mercredi 21 juin:
Parti le matin de Saveh, je fais une halte à Qazvin, à l'ouest de Téhéran, pour admirer l'Imâmzâdeh de Chazdeh Hossein.
Je ne ferai pas ici l'historique de la scission entre Chiites et Sunnites. Disons simplement que les Chiites, ultra majoritaires en Iran, reconnaissent la descendance dynastique du prophète et vénèrent notamment les 12 Imams (avec un "i" majuscule), premiers descendants d'Ali, gendre du prophète et lui-même premier successeur.
En persan, le mot "Imâmzâdeh" désigne les enfants ou petits-enfants des douze Imâms chiites, mais également les mausolées construits en leur honneur.
Ces descendants font l'objet d'une véritable vénération comme j'ai pu m'en rendre compte sur place.
Le bâtiment central de l'Imâmzâdeh de Chazdeh Hossein est "protégé" par une enceinte de 4 murs percés de deux superbes portes finement décorées.
A l'intérieur, le mausolée proprement dit est un bâtiment surprenant, décoré de milliers de morceaux de miroirs savamment agencés ainsi que des mosaïques de verre coloré de plusieurs teintes.
A l'intérieur, souligné par un éclairage vert, l'endroit censé contenir la dépouille est caressé, embrassé et adoré par de très nombreux fidèles qui se succèdent pour y accéder.
Après Qazvin et avant de rejoindre Zanjan, fin de l'étape du jour, je passe par Soltâniyeh (littéralement ville du Sultan) pour y visiter le mausolée d’Uldjaïtu, plus fréquemment appelé Soltâniyeh Dôme.
Haut de 48 mètres, sa coupole d'un bleu turquoise magnifique est visible de très loin. Il s'agit du troisième plus haut dôme de brique du monde.
Le bâtiment est ouvert à la visite (environ 5 euros), ce que je n'ai pas manqué de faire.
Malheureusement au RDC, des travaux de réfection monumentaux gâchent quelque peu le plaisir du visiteur.
Malgré l'aspect métallique de l'ensemble, l'assemblage d'échafaudages et de passerelles en bois m'a immédiatement fait penser à la bibliothèque du "Nom de la Rose". Et vous?
Cependant on peut également visiter certaines salles du RDC ainsi que les "coursives" du premier comme du second et dernier étage. Étage depuis lequel la vue est splendide.
En colimaçon, les escaliers de pierre qui permettent d'accéder aux deux niveaux sont raides, étroits et bas de plafond.
C'est au dernier étage que j'ai pu faire la rencontre d'un homme et de sa fille. Lui avait fait ses études en Suisse, parlait parfaitement notre langue et était visiblement content de la pratiquer avec un français. Selfies et vidéos de rigueur, bien entendu....
22 juin 2017.
Je quitte Zanjan vers Tabriz, les paysages changent rapidement.
Brûlées par la luminosité, les photos qui suivent ont du mal à refléter l'extraordinaire mosaïque de couleur rencontrée le long du trajet.
23 juin.
Je quitte Tabriz pour Urmia. La distance est assez courte mais j'ai décidé de prendre le chemin des écoliers pour profiter des paysages et notamment du lac que je dois traverser avant d'entrer dans Urmia.
Ce lac, plein au printemps, se vide et se dessèche le reste de l'année, ce qui donne à l'eau qui reste un taux de salinité énorme et lui confère une belle couleur rosée.
Les gens s'y baignent pour "flotter" et pour bénéficier de je ne sais plus quelle vertu thérapeutique. Le sel, présent en masse importante, est toujours exploité. Peu avant le pont qui traverse le lac, une aire de repos expose des statues consacrées à l'histoire des sauniers locaux. Lors de mes arrêts, j'ai encore pu faire de belles rencontres, notamment avec deux jeunes couples et leurs enfants.
Une fois dans la ville d'Urmia, je me fie aux coordonnées données par Hossein et je me retrouve... dans une avenue. Pas de trace de la Guest House.
Comme d'habitude, dès que l'on me voit, on me demande si j'ai besoin d'aide. J'explique ce que je cherche. Chacun sort son téléphone pour trouver la Guest House. Un antiquaire me fait assoir dans son échoppe et m'offre du thé pendant qu'il contacte des amis.
A ce moment-là, je suis hélé depuis la rue par un gamin de 12 ans environ. "Hello, I'm Hossein's brother, follow me...". Je constaterai plus tard qu'il parle anglais nettement mieux que moi...
C'est lui qui me guidera jusqu'à la Guesthouse, une centaine de mètres plus loin. Tout est bien qui finit donc bien...
Hossein m'accueille et je suis présenté à la famille.
Je passe une soirée au calme mais avec un petit pincement au cœur car l'aventure en Iran se termine. Je passe en effet la frontière demain matin, au niveau du poste frontière d'Esendere, à 50 km à l'ouest d'Ourmia.
Hossein m'y accompagnera pour "mettre de l'huile dans les rouages".