19 juin 2018
Aujourd'hui je quitte les grandes plaines agricoles du sud-est pour mettre le cap au nord vers la Transylvanie et ses montagnes.
Premier arrêt au monastère de Sinaia dont les premières constructions datent de 1695. A l'intérieur des murs qui entourent le monastère, trône la "Biserica Mare", la Grande Eglise, qui date elle de 1846.
Malheureusement et comme souvent dans les bâtiments orthodoxe, il est interdit de photographier à l'intérieur de l'église. Mais la Visite virtuelle du monastère vous donnera une idée de la richesse des décors.
Dans le cloître, on découvre l'église de "La dormition de la vierge Marie", dite "Biserica Veche" (vieille église), construite lors de l'édification du monastère en 1695.
Tout près du monastère et accessible à pied par un parcours arboré qui passe par ses beaux jardins, le château de Peleș a été construit à partir de 1873 par le futur roi Carol 1er de Roumanie (famille Hohenzollern-Sigmaringen).
Enfin, une cinquantaine de kilomètres plus loin, la journée s'achève par un arrêt à Bran et son fameux château baptisé château de Dracula.
En fait Vlad III l'empaleur, Comte de Dracula, n'y a jamis mis les pieds, mais la légende permet d'attirer les touristes en masse. Et ça marche!
La construction du château par les chevaliers teutoniques remonte au 13° siècle. Il devient ensuite résidence royale et fut, par exemple, l'une des résidences préférées de la reine Marie de Roumanie, petite fille de la reine Victoria.
C'est à la sortie de Bran que j'ai réservé une chambre à la Casa Brăneană .
En juin 2018, la chambre, spacieuse et confortble était à 23 €...pourquoi se priver.
Demain, si le temps le permet, je vais me diriger vers l'une des raisons de ma présence en Roumanie: La Transfăgărășan
Mercredi 20 juin 2018
La Transfăgărășan fait partie de ces routes mythiques que tout motard rêve de parcourir un jour. Traversant le sud de la chaîne des Carpates, la Transfăgărășan ou DNC7 (Drumul Nationale 7C) a été construite entre 1970 et 1974 sous le régime de Ceausescu. Après l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'URSS en 1968, le dictateur Roumain a en effet imposé la construction d'une route qui permettrait à son armée de traverser rapidement les monts Făgăraș. Sa construction en dépit des objections des ingénieurs, a provoqué la mort de nombreux ouvriers (essentiellement des soldats) et l'intérêt stratégique de cette route n'a pas été démontré. La Transfăgărășan, généralement fermée d'octobre à juin, reste le symbole du caprice extravagant et couteux d'un homme. Elle est aujourd'hui renommée pour ses somptueux virages en épingles à cheveux accrochés aux flancs des Carpates dans un décor magnifique. Elle relie les régions de la Valachie et de la Transylvanie.
Je suis parti de Bran ce matin avec un beau soleil mais la météo annonçait un temps couvert voire pluvieux au lac Baléa, c'est à dire au point le plus haut de la Transfagarasan.
De toute manière je ne pouvais rien faire pour changer ça, alors j'ai tenté le coup.
La route vers la montagne et la montée vers le lac s'est faite sous le soleil avec une superbe route.
Effectivement le ciel s'est peu à peu bouché et une couche nuageuse s'est formée au fur et à mesure que je montais.
A quelques kilomètres du lac Baléa et du col qui marquent le début du secteur Transfagarasan, j'ai bien cru que j'allais être dans les nuages et que je ne verrai rien.
Mais j'ai eu de la chance. Le plancher des nuages s'arrêtait juste assez haut pour que je puisse passer et admirer la descente que j'allais entreprendre dans le sens sud-nord.
Dans la descente, on n'est pas à l'abri de trouver des moutons qui traversent...
Ce soir je suis dans un camping, le "De Oud Wilg" (le vieux saule), près de Carta dans la plaine, à l'entrée nord de la Transfagarasan. Visiblement très connu des campeurs, des motards mais aussi des cyclotouristes, ce camping est une heureuse surprise. A ce jour, c'est le meilleur de tous ceux que j'ai fréquentés au cours de ce voyage. Il est tenu par un couple de néerlandais très sympathiques dont le mari parle un peu français.
Les emplacements sont enherbés, plats et ombragés. Les douches chaudes sont incluses, les toilettes sont impeccables et, cerise sur le gâteau si j'ose dire, le PQ est fourni.
Un kiosque avec tables, chaises et prises de courant est mis à la disposition des clients. Enfin, une cuisine équipée (bouilloire et plaques électriques, micro-ondes, vaisselle...) est également mis gracieusement à disposition.
Et tout ceci pour la somme extravagante de 45,5 Lei pour deux jours (c'est à dire environ 10 euros pour deux jours). Royal!
Un camping à retenir si vous passez un jour dans le coin.
Jeudi 21 juin 2018
Ce matin, un coup d'oeil sur le sommet des montagnes au sud du camping: Il fait beau là haut!
Pour combien de temps je n'en sais rien, mais j'ai envie de refaire des photos d'hier avec le soleil.
Et puis, je n'ai rien contre un aller retour sur la Transfagarasan, cette fois dans le sens nord-sud. Et comme je garde le même camping pour la nuit qui vient, je n'ai pas à démonter ma tente. Je suis donc vite prêt.
Le temps d'arriver au somment, des nuages s'étaient hélas installés, même s'il faisait nettement plus beau qu'hier.
Une fois redescendu, je me dirige vers l'ouest pour faire une petite visite de la ville de Sibiu.
Au vu des photos, peut-être vous direz-vous que cela ressemble à une ville allemande.
Et vous n'auriez pas tort!
Sibiu fut en effet fondée au 12° siècle par des colons allemands. Elle est restée quasiment 100% saxonne jusqu'à la fin de la première guerre mondiale et les mouvements de population que l'on sait.
La population est aujourd'hui majoritairement roumaine mais la ville a gardé son style, ayant eu la chance d'échapper à la vague de bétonnage des centre-villes très en vogue durant le "règne" de N. Ceausescu.
Très dynamique économiquement, c'est un également centre touristique et culturel important (Sibiu a été capitale européenne de la culture en 2007).
En fin de journée, avant de renter vers mon camping je fais une visite du minuscule mais pimpant village nommé Cârta où il est installé.
Ce village offre trois particularités notables selon moi:
- Il possède une vieille église construite sur les ruines d'une ancienne abbaye cistercienne.
- Il est situé idéalement à deux pas du début (ou de la fin, c'est selon) de la Transfagarasan.
- C'est là qu'est implanté ce fameux camping.
Retour au camping, l'atmosphère y est toujours aussi conviviale.
Hier un couple de retraités français en camping-car était venu m'interroger sur mon périple et notamment sur l'ouverture ou pas de la Transfagarasan, puis m'avait invité à l'apéro.
Plus tard, j'avais poliment décliné l'invitation de deux jeunes motards tchèques qui voulaient m'inviter à boire un coup (en voyant le le nombre de packs de bière près de leur tente, je m'étais méfié...).
Aujourd'hui c'est un jeune couple germano-hongois qui est venu faire la causette et parler itinéraire.Je vais regretter ce camping, c'est sûr.
Demain je reprends la route vers l'ouest.
Vendredi 22 juin 2018
Je continue à rouler globalement vers l'ouest, sur la route du retour.
Au programme aujourd'hui, les routes montagneuses de Transylvanie, un arrêt au monastère de Prislop et un autre à Hunedoara, pour voir le château des Corvin. La journée avait commencé sous le soleil, mais dès 11 heures les orages m'ont rattrapé.
Brefs mais intenses, ils m'ont suivi quasiment jusqu'à l'arrivée. Petite "angoisse" au début puisque je me suis retrouvé sur une route qui est l'équivalent de notre RCEA, avec ses files ininterrompues de camion.
Heureusement, très vite, mon itinéraire bifurquait et empruntait des routes magnifiques lorsqu'il faisait beau...
...mais un peu plus difficiles lorsqu'il pleuvait. Surtout lorsque le bitume disparaît sur près de 20 km au profit d'un mélange de terre et de pierres...
Le monastère de Prislop est un des pus importants lieux de culte orthodoxe en Transylvanie.
Il a été construit au 14° siècle par Saint Nicodim et il conserve la dépouille d'Arsenie Boca, un hiéromoine qui fait l'objet d'un véritable culte en Transylvanie. Prêtre de l'Église orthodoxe roumaine, moine, théologien, médecin, écrivain, fresquiste, traducteur, peintre mais aussi victime torturée du régime d'occupation soviétique en 1945, Arsenie Boca fut, tout au long de la vie, vénéré par la population.
Je continue vers Hunedoara pour y admirer son château dit aussi "Château des Corvin" du nom d'un prince roumain, Matthias Corvinus devenue roi de Hongrie en 1458.
C'est le plus grand château de Roumanie dont la construction date du 14° siècle.
Passée entre les mains successives de nombreux princes roumains, la forteresse initiale, au fil du temps, a été agrandie et transformée en château d'agrément.
Ce soir je suis à Santuhalm, près de Deva, où j'ai trouvé un petit motel qui m'évitera de monter la tente sous la pluie (Motel Lowe, 21 € la nuit en 2018)
Samedi 23 juin 2018
Je continue vers l'ouest, pour ce qui sera mon dernier jour en Roumanie avant d'entrer en Hongrie et je passe par Timisoara qui restera célèbre à au moins deux titres. C'est en effet la ville qui, le 16 décembre décembre 1989, verra la première insurrection populaire qui mènera à la fin de Nicolae Ceaușescu. Mais c'est aussi la ville dont le nom restera dorénavant synonyme de manipulation médiatique volontaire ou non pour "l'affaire des charniers de Timisoara".
Quelques images de la cathédrale métropolitaine orthodoxe de Timisoara et de la place de la victoire, au bout de laquelle elle se trouve. L’édifice est récent, puisque sa construction a débuté en 1936. L'extérieur est superbe mais l'intérieur est encore plus beau (hélas photos interdites).
J'ai été frappé par la ferveur de très nombreux fidèles, y compris des jeunes, qui défilaient à tour de rôle devant les reliques de Saint Joseph de Partos afin d'embrasser la vitre protégeant l'intérieur de ce qui ressemble à un cercueil. Y compris un vieil homme avec un nouveau né, qu'il avait pris soin de poser sur la vitre.
C'est sur cette belle place animée que j'ai fait une pause avant de continuer vers paulis.
Ce soir je suis au camping "Route Roemenie" non loin de la frontière Roumano-Hongroise, à Paulis, petit village à environ 70 km au nord-est de Timisoara.